Pourquoi le coronavirus est si agressif

Explication des scientifiques.

Le coronavirus que nous avons rencontré en tant que grand ennemi de l’humanité moderne est en vérité le septième virus dans le groupe des coronavirus qui est capable d’attaquer l’homme. Les six modifications précédentes sont connues depuis des décennies, mais pour provoquer une pandémie mondiale, elles avaient besoin d’une mutation.

Contrairement à la croyance populaire, le coronavirus n’est pas apparu de nulle part, comme un diable de sa caverne.Susan Weiss, professeur de microbiologie à l’Université de Pennsylvanie, étudie les coronavirus depuis environ 40 ans.

« On pensait que les coronavirus n’avaient pas d’effet notable sur la santé humaine. La famille des coronavirus qui se transmet à l’homme est constituée de 6 souches. Quatre d’entre elles – OC43, HKU1, NL63 et 229E – ont été découvertes il y a longtemps et sont responsables d’un tiers des rhumes courants et qui sont facilement tolérés. Les deux autres membres de la famille sont MERS-CoV (coronavirus causant le syndrome respiratoire du Moyen-Orient) et SARS-CoV (celui qui a été à l’origine de l’épidémie de SRAS en Chine en 2002) provoquent des maladies beaucoup plus graves. Mais depuis que le SRAS-CoV-2 (c’est le nom du nouveau virus) est apparu, et a provoqué la pandémie de Covid-19 (le nom de la maladie que le virus provoque), plus personne ne prendra le sujet de coronavirus à la légère. »

Quelle mutation a fait du virus SRAS-CoV-2 un tueur ?

Pourquoi le septième coronavirus s’est-il avéré si dangereux et agressif ?

La clé de la réponse réside dans la structure du virus. En forme, il représente une boule épineuse. Ses épines s’accrochent à une protéine appelée ACE2, qui est située à la surface de nos cellules qui couvrent la membrane du système respiratoire. Contrairement à son prédécesseur, « SARS-classic » (qui est à l’origine de l’épidémie de SRAS en 2002), SARS-CoV-2 a acquis au sens figuré une nouvelle conception avec des pics. Ces pics peuvent être comparées à une pointe de flèche fourchue. Autrefois, de telles flèches étaient conçues pour infliger un maximum de dégâts à l’ennemi. En ralentissant à une grande vitesse dans le corps de la victime, les pétales de la pointe de flèche s’ouvraient, déchiraient la chair et se coinçaient dans le corps de la victime. Dans le cas du SRAS-classique, ces pointes ne s’ouvraient pas bien (alors que c’est la seule façon pour le virus de pénétrer dans la cellule de la victime), grâce à ça le nombre de cas de personnes malades était faible : 8 096 cas dans 29 pays, avec 774 personnes mortes.

Cependant, dans le SRAS-CoV-2, le composé de liaison qui maintenait les extrémités de la pointe ensemble était facilement dissous par une enzyme appelée Furine, qui est produite dans le corps humain. Les « épines » du virus sont restées coincées dans leur cible – la protéine ACE2, et ont pénétré la cellule.

  • « Cette construction est cruciale pour la transmission interhumaine », a déclaré Angela Rasmussen de l’Université Columbia.

« Elle permet au SARS-CoV-2 d’adhérer plus fortement aux cellules qu’il attaque. D’une manière générale, cela signifie qu’il a besoin d’une concentration de virus considérablement plus faible pour infecter le corps. »

Pourquoi 80% des personnes sont asymptomatiques et dans le groupe de risque la mortalité est élevée ?

Une autre caractéristique du septième coronavirus est son côté « omnivore ». La plupart des virus respiratoires sont spécialisés : ils attaquent les voies respiratoires supérieures ou inférieures.

Les maladies des voies respiratoires supérieures sont plus fréquentes mais plus faciles à tolérer. Dans le même temps, les infections des voies respiratoires inférieures ( poumons – bronches, alvéoles ) et sont plus difficiles à transmettre, mais entraînent des conséquences plus graves. Le nouveau coronavirus probablement n’est pas si sélectif : il affecte à la fois les voies respiratoires supérieures et inférieures. Cette caractéristique explique pourquoi 80% des personnes tolèrent le coronavirus de manière asymptomatique et sans le savoir deviennent son « agents secrets » pour sa propagation. Mais dans les cas où le virus a réussi à s’enraciner profondément, l’évolution de la maladie est très sévère et conduit souvent à une pneumonie.

Les épidémies les plus graves du 21ème siècle

Les chiffres clés au 31/03/2020, arrêtés à 14h (mis en ligne en fin de journée)
virus Nombre de contaminés Nombre de morts Mortalité 1er cas de contamination
2019 Covid 19
777798
37272
4,6%
CHINE
2014 Virus Ebola
27748
11279
41%
GUINEE
2012 Syndrome respiratoire du Moyen-Orient
2497
858
34.4%
ARABIE SAOUDITE
2009 Grippe porcine
414000
18500
4.5%
MEXIQUE
2003 Grippe aviaire
861
465
52.8%
CHINE (HONG KONG)

Source :https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/articles/infection-au-nouveau-coronavirus-sars-cov-2-covid-19-france-et-monde

Comment COVID – 19 tue ?

Une fois dans le corps, le coronavirus attaque les cellules avec la protéine ACE2, qui couvrent nos voies respiratoires. Au fur et à mesure que l’infection se développe, les cellules mourantes descendent plus bas et pénètrent dans les poumons, y transférant également le virus.

Lorsque les poumons sont remplis de cellules mortes et de liquide, la difficulté respiratoire et l’essoufflement commencent. Le malade essaie de compenser son manque d’oxygène par la fréquence de la respiration.

A son tour, le système immunitaire, attaque le virus à l’aide d’outils traditionnels et vérifiés qu’il connaît. Pour amener les cellules immunitaires au cœur de l’infection, les vaisseaux sanguins se dilatent et la pénétrabilité vasculaire augmente. Cette lutte du corps humain contre l’infection se manifeste sous forme de la fièvre, d’inflammation, de rougeur et œdème des tissus.

Cependant, cette augmentation de la pénétrabilité vasculaire et l’arrivée du flux sanguin conduisent au fait que les poumons se remplissent encore plus de liquide. Ainsi, la réaction de protection immunitaire prend une forme incontrôlée et constitue une menace pour le corps lui-même.

Le résultat final d’autodestruction du corps humain est ce que l’on appelle le « choc cytokinique ». Les cytokines sont des molécules qui mobilisent la réponse inflammatoire et activent les cellules immunitaires. Mais lorsque le niveau de cytokines dans le sang devient trop élevé, le système immunitaire se répand, causant plus de dommages à l’organisme que le virus lui-même.

Les cellules immunitaires détruisent le foyer de l’inflammation avec les tissus, mais le processus d’inflammation se propage sur tous les tissus aux alentours. Progressivement, cette tempête immunitaire couvre tout le corps humain et peut le tuer.

Une telle réaction suicidaire et incontrôlée du système immunitaire a été provoquée par la grippe espagnole, qui a tué plus de 50 millions personnes dans le monde en 1918. Le même schéma est suivi par le virus Ebola, la grippe aviaire H5N1 et le syndrome respiratoire aigu sévère causé par le prédécesseur Covid-19.

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